mardi 6 mars 2012

j'ai lu : Nuit de Edgar Hilsenrath,

 Nuit de Edgar Hilsenrath, 560 pages

  • Editeur : Attila (19 janvier 2012)
  • Mars 1942. C'est le début de Nuit. Nous sommes dans le ghetto de Prokov, ville ukrainienne sur les bords du Dniestr qui, après le retrait de l'Armée rouge, est occupée par les troupes roumaines, alliées des nazis. La plupart des habitants sont des juifs déportés.

    Ranek, le personnage principal, est l'un des premiers à avoir été conduits ici en octobre 1941. "Parfois il voyait un mort couché dans la boue et pensait : pas de veine, mon gars. Il le pensait sans rien éprouver d'autre qu'un triomphe sans gloire : se dire que ce n'était pas lui qui était couché là." Telle est la vie dans le ghetto. On ne s'apitoie pas dans ce livre, on ne pleure pas, on ne prie pas non plus. Les phrases sont courtes et les scènes impitoyables dans leur brièveté, pareilles à des instantanés : un enfant qui joue sur le trottoir avec les cheveux d'une morte, un homme qui se noie dans la fosse des latrines sans que personne bouge, un mari qui envoie sa femme au bordel pour que tous deux aient de quoi manger.
    Ranek n'est pas un sans-coeur, mais l'instinct de survie se loge ailleurs que dans le coeur : dans toutes les fibres du corps qui ne veut pas mourir. Face à lui, des compagnons de misère et de nombreux profiteurs qui font payer cher leurs services. Outre la multitude des sans-noms (Le Rouge, La Vieille, etc.), certains personnages se détachent en mal mais aussi en bien, comme Sara et surtout Deborah, la femme du frère de Ranek. Cette figure lumineuse qui jamais ne tombe dans la barbarie semble donner une lueur d'espoir dans l'humanité. Mais lorsque, après la mort de Ranek, elle s'enfonce dans la nuit avec un enfant dans les bras, un enfant qui n'est pas le sien, rien ne nous promet qu'elle va rejoindre les étoiles.
    source : 
  • Né en Allemagne en 1926, Edgar Hilsenrath a survécu au ghetto durant la guerre, avant de partir pour Israël, puis pour New York (dur le même bateau que Rita Hayworth). Toute son oeuvre s’inspire de cette expérience, mais sur un mode burlesque, quasi rabelaisien.

    Longtemps refusé par les éditeurs allemands, qui craignent les réactions à son approche, très crue, de la Shoah, il est d’abord publié aux États-Unis, où ses livres sont des best-sellers. Il écrit la nuit, dans des cafétérias juives sordides, et vit le jour de petits boulots. Ce n’est qu’à son retour en Allemagne, en 1975, qu’un éditeur relève le gant.




      inoubliable, coup de coeur
    un livre si dense, si éprouvant, 
    j'ai besoin de laisser un peu reposer avant d'en faire un article ! 

2 commentaires:

  1. Ah je l'ai repéré aussi ! Je suis contente qu'il t'ait plu, ça me donne encore plus envie.

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    1. J'adore cet auteur !
      Mais là, il faut avoir le coeur bien accroché, une histoire terriblement angoissante. Pas facile d'en sortir.
      bisous

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