mardi 17 janvier 2012

né un 17 janvier : Anton Tchekhov

1860 : Anton Tchekhov, écrivain russe († 15 juillet 1904).

Anton Pavlovitch Tchekhov (en russe : Анто́н Па́влович Че́хов), translittération scientifique Anton Pavlovič Čechov, né le 17jul./29 janvier 1860greg. à Taganrog (Russie) et mort le 2jul.15 juillet 1904greg. à Badenweiler (Allemagne), est un écrivainnouvelliste et dramaturge russe, médecin de profession. Tout en exerçant la médecine, principalement bénévolement, il publie entre 1880 et 1903 plus de 600 œuvres littéraires. Il est l’un des auteurs les plus connus de la littérature russe, notamment pour sa manière typique, neutre et retenue de décrire les aspects de la vie et de la pensée des hommes dans la province russe. Ami d’Ivan Bounine, de Maxime Gorki, de Fédor Chaliapine, d'Alexeï Souvorine, il est l’oncle de Mikhaïl Tchekhov.


Anton Pavlovitch Tchekhov est né le 29 janvier 1860, à Taganrog, port de Crimée, sur la mer d'Azov, au sud de la Russie. Son père, Pavel Iegorovitch Tchekhov (1825-1898), est un homme violent d’une religiosité excessive, et le fils d'un serf du gouvernorat de Voronej qui a acheté son affranchissement au comte A. D. Tchertkov1 en 1841. Il tient un petit commerce de produits de première nécessité à Taganrog. Sa mère, Evgenia Iakolevna Morozova (1835-1919), est la fille de commerçants, négociants en draps de la région de Morchansk, issus également d’une ancienne famille de serfs. Elle a dix-neuf ans quand elle se marie. Les époux élèvent six enfants, dont cinq garçons : Alexander (1855-1913), Nikolaï (1858-1889), Anton (1860-1904), Ivan (1861-1921) et Mikhaïl (1865-1936) et une fille : Maria (1863-1957) ; une seconde fille Evgueniya (1869-1871) est morte en bas âge2.

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Le parcours de Tchekhov à l’université Lomonosov de Moscou, où il s’inscrit à la faculté de médecine peu après son arrivée, dure de septembre 1879 jusqu’au diplôme à l’été 1884. Durant cette période, les Tchekhov changent plusieurs fois de lieu de résidence et doivent se contenter, particulièrement dans les premiers mois, de logements beaucoup trop petits pour une famille de sept personnes, ce qui procure à Anton d’immenses difficultés dans la préparation de ses examens. Ceci le renforce encore plus dans l'idée qu’en se consacrant à l’écriture dès ses premières années d’études, l'écriture pourra s’avérer également une importante source de revenu[réf. nécessaire]. 

Les débuts de Tchekhov comme auteur remontent à l’époque de Taganrog : dès l’adolescence il s’essaie à écrire des petits textes, parodies, anecdotes ainsi que des histoires drôles. Comme son grand frère Alexander, qui vit à cette époque à Moscou et fait quelques piges dans des journaux et revues humoristiques, Anton envoie sans succès quelques-uns de ces textes brefs (dont aucun n’a été conservé) à plusieurs rédactions moscovites. En 1878, Tchekhov rédige pour la première fois une pièce de théâtre, laquelle doit avoir pour titre Sans Père et est dédiée à Maria Iermolova, une actrice renommée qu’il adore. Mais cette pièce ne rencontre aucun écho favorable à Moscou à cause de ses multiples remaniements tardifs. Elle est ensuite considérée comme disparue, avant de reparaître en 1920 comme manuscrit sans titre. Elle est publiée pour la première fois en 1923 et est connue ensuite à l’étranger sous le titre de Platonov8).
Par la suite, Tchekhov lui-même indique à plusieurs reprises dans ses lettres les années 1878-1880 comme ses véritables débuts littéraires, sans pouvoir en préciser cependant le véritable moment9. Les premières publications de Tchekhov conservées jusqu'à aujourd’hui remontent à l’année 1880 lorsqu’il parvient, après quelques essais infructueux, à publier dix nouvelles humoristiques dans la revue pétersbourgeoise Strekosa (La Libellule) dont la Lettre de Stepan Vladimirovitch, propriétaire de la région du Don, à son savant voisin, le docteur Fredrich le 9 mars 1880.
En 1881 et 1882, suivent plusieurs publications de ce genre dans des revues humoristiques et satiriques plus ou moins connues : Budilnik (Le Réveille-Matin), Moskva (Moscou),Sritel (Le Spectateur) et Swet i teni (Ombres et Lumière). Une lettre datant de ses années d’études, donne des indications sur les difficultés que rencontre Tchekhov dans ses débuts. En août 1883, il écrit ainsi au rédacteur d’une revue dans un courrier accompagnant des nouvelles :
« J’écris dans les pires conditions. Devant moi se tient mon travail non littéraire, se rappelant à moi impitoyablement, le bébé d’un parent venu en visite crie dans la pièce d’à côté, dans une autre pièce mon père lit à voix haute à mère L’Ange scellé de Nikolaï Leskov. […] Mon lit borde celui de mon cousin venu en voyage, qui vient constamment me parler de médecine. […] J’ai la malchance, d’être médecin, et il n’y a personne qui ne sente obligé de s’entretenir de médecine avec moi. […] Une situation sans équivalent10. »
 Le ton à moitié plaisant, empreint d'autodérision, qu’utilise Tchekhov dans ces propos est caractéristique d’une grande partie des lettres de ses années d’études ainsi que des années suivantes. Le travail n'est pas rendu difficile seulement du fait de l’état du logement et plus généralement des conditions de vie précaires, mais aussi du fait de rétributions aléatoires de la part des rédactions11, de contraintes rédactionnelles (dans la revue de N. A. Leïkine Oskolki (Les Éclats) par exemple les histoires ne devaient pas dépasser 100 lignes12) et surtout de la censure d’État. Enfin, durant les années 1880, suite au meurtre du tsar Alexandre II, une sélection impitoyable et arbitraire est effectuée avant toute publication prévue dans la presse russe. Ainsi, le premier livre édité de Tchekhov, le recueil de nouvelles Farces (russe :Шалость), achevé en 1882 est refusé par la censure et depuis lors est tenu pour perdu13.
Malgré l'obtention de son diplôme de médecine après cinq ans d’études, Tchekhov passe pour être un étudiant très moyen et peu assidu. Nonobstant son enthousiasme pour les sciences naturelles et son intérêt pour l'enseignement de Charles Darwin qu'il manifeste dans une lettre de 188614, il privilégie son activité d'écrivain qui lui procure des revenus. Il envisage cependant d’écrire une thèse sur l’histoire de la hiérarchie sexuelle dans la nature15
Se sentant responsable de sa famille, venue s’installer à Moscou après la faillite du père, Tchekhov cherche à augmenter ses revenus en publiant des nouvelles dans divers journaux et sous divers pseudonymes5 (parmi lesquels le plus connu Antocha Tchékhonté, tel qu’il était nommé par un de ses professeurs, ou de plus fantaisistes comme Le frère du frèreL’homme sans rate ou Jeune vieillard). Jusqu’à sa nomination comme médecin en septembre 1884, il parvient à publier au total plus de 200 récits, chroniques littéraires et parodies dans diverses revues. Certaines des nouvelles écrites à cette époque appartiennent encore aujourd’hui à ses œuvres les plus connues, telles que les nouvelles empreintes de satire La Mort d’un FonctionnaireLa Fille d’AlbionLe Gros et le Maigre (toutes de 1883) ou bien Un Caméléon (1884). À l’été 1884 paraît son premier livre publié : Les Contes de Melpomène (russe : Сказки Мельпомены), un recueil de six récits. Il entreprend également une thèse sur le sujet La Médecine en Russie.
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Au long de sa carrière d'écrivain qui dura tout juste vingt-cinq ans, Tchekhov publia plusieurs centaines de récits, nouvelles et chroniques ainsi qu'une bonne douzaine de pièces de théâtre.


Beaucoup de ses œuvres primitives du début des années 1880 - principalement des nouvelles, des billets humoristiques, des parodies - sont empreintes du style drolatique caractéristique de Tchekhov (beaucoup, comme La Mort d'un fonctionnaire (1883), sont aussi satiriques), tandis que ses œuvres matures ressortent plutôt du domaine du réalisme, comme influencées par la connaissance de la société qu'il acquiert à la suite de ses études et par sa pratique de la médecine de campagne.


Un manuscrit original de Tchekhov


La plupart de ses nouvelles essentielles traitent de la vie de la petite bourgeoisie dans la Russie de la fin du xixe siècle, du péché, du mal, du déclin de l’esprit, de la société.


L'action, dont le dénouement reste souvent indécis, a généralement pour cadre la campagne du centre ou du sud de la Russie ou les environs d'une petite ville de province.

Beaucoup de récits de ce genre se lisent dans un long et profond soupir.

La Salle n° 6, nouvelle publiée en 1893, qui prenant pour exemple le service fermé de psychiatrie d'un hôpital de province délabré (une des situations typiques, où Tchekhov se sert de sa propre expérience de médecin), peint un tableau particulièrement sombre de la vie russe, et règle ses comptes de façon accablante à la passivité et à l’adaptation absolue (« stoïque ») face aux criantes injustices sociales. Dans quelques-unes de ses œuvres comme par exemple les récits très tristes Volodia (1887), L'Envie de dormir(1888) ou Typhus (1887), Tchekhov se révèle être un excellent psychologue, qui parvient à décrire, d'une façon concise et sans équivoque la pensée et les actes des hommes, quand ils se trouvent confrontés involontairement à une situation critique.

La nouvelle Une banale histoire (1889) qui sera particulièrement appréciée par Thomas Mann82 est également construite de manière psychologique, dont le narrateur, un ancien professeur de médecine, au crépuscule de sa vie, juge finalement son existence présumée remplie dépourvue de sens, à laquelle il manque « un fil conducteur », et combien est trompeur le comportement fait d’adaptation et de suivisme de ses proches et de ses relations. Des réflexions similaires sur le sens de l'existence et la vision subjective du bonheur – toujours à travers de nombreux personnages différents - se retrouvent dans la trilogie sortie en 1898 composée de L'Homme à l'étuiLes Groseilliers et De l'amour ainsi que dans les instants de mélancolie du récit La Fortune (1887). L'opinion courante, que Tchekhov ait critiqué, avec ce genre de récit, la passivité de la vie sociale de la Russie tsariste, est exacte à condition toutefois de préciser, que Tchekhov n’a jamais chercher à influencer son lecteur - il préférait toujours mettre en avant dans ses œuvres, les personnalités les plus individualistes avec leurs problèmes spécifiques, sans expliquer clairement leurs actes ni les critiquer. Cet extrait d'une lettre de Tchekhov de 1888 illustre cette maxime : « Il me semble que ce ne sont pas les écrivains qui doivent résoudre des questions telles que le pessimisme, Dieu, etc.

 L’affaire de l'écrivain est seulement de représenter les gens qui parlent de Dieu et du pessimisme ou qui y pensent, de quelles façons et dans quelles circonstances ils le font. L'artiste ne doit pas être le juge de ses personnages et de ce qu’ils disent, mais seulement un témoin impartial. Les appréciations reviennent aux jurés, c'est-à-dire les lecteurs. Mon affaire est seulement d’avoir du talent, c'est-à-dire de savoir distinguer les indices importants de ceux qui sont insignifiants, de savoir mettre en lumière des personnages, parler leur langue. »83 Cette position d'observateur neutre et distancié, qui est typique de l'œuvre de Tchekhov, ne signifie par pour autant que l'auteur en soit éloigné, l'action de plusieurs récits étant composée d'éléments autobiographiques avérés. Il en est ainsi de La Steppe (1888), qui reprend les souvenirs d'enfance d'un voyage à travers les paysages du sud de la Russie et d'Ukraine, dans la nouvelle Trois années (1894), on retrouve l'atmosphère déprimante du piètre magasin paternel de Taganrog, et dans Arianne (1895) on reconnaît le récit, que fait Tchekhov lui-même à la première personne, d'une croisière en Crimée. Dans une de ses plus longues œuvres, le court roman Le Duel (1891), Tchekhov laisse se développer à travers un des personnages principaux undarwinisme social faisant l’apologie de la violence avant d'être contrecarré lors du dénouement de l'action, qui fait écho à l’intérêt qu’il portait étudiant pour les cours sur Darwin.
Le style narratif de Tchekhov ne se limite cependant pas à une vague critique de la société quelle qu'elle soit ou à une recherche psychologique des abîmes psychiques de l'homme. L'éventail des sujets, dont se sert Tchekhov dans son travail, est très large et riche en histoires comiques et légères ( Le Fruit du péché (1887), La Lotte (1885), Un drame (1887) entre autres), de contes animaliers destinés aux enfants (Kachtanka (1887),Front blanc (1895)) ou encore le récit Vanka (1886) écrit du point de vue de l’enfant, d’observations désenchantées du train-train quotidien des paysans ou de la petite bourgeoisie russe à l'avènement du capitalisme (Les Moujiks (1897), La Nouvelle Villa (1898), Dans la combe (1899)) jusqu'à la confrontation directe avec la mort et le caractère éphémère commun à tous les hommes (Tristesse (1886), Goussiov (1890), L'évêque (1902)). Dans un de ses récits les plus réputés, La Dame au petit chien (1899), qu’il écrivit à Yalta et où se situe l'action, Tchekhov se présente de manière exemplaire comme un poète lyrique, qui tout en transformant cette simple histoire d'amour entre deux êtres mariés en drame à l'issue restant ouverte, laquelle fait sans cesse échouer ses deux protagonistes en raison de l’absurde mesquinerie de l’existence sociale - fait écho à son propre grand amour, qu’une telle « banalité » (dans son cas : la maladie) interdira de vivre à fond. Une part de son œuvre, permet cependant au lecteur de croire en un Tchekhov très optimiste, qui n'a pas perdu, malgré tous les abus et tous les revers, confiance dans l'homme de bien et surtout au progrès, à une vie future meilleure. 

On peut regrouper dans ce genre des œuvres comme l’étonnante miniature L'Étudiant (1894) par ses changements de tons radicaux, la nouvelle profondément philosophique Le Moine noir (1893) ou le court roman La Steppe rempli de descriptions marquantes de la campagne, qui font l’effet d’un hommage éclatant au monde et au genre humain. Indépendamment du sujet traité ou du ton utilisé, la particularité commune à toutes les œuvres de Tchekhov dans lesquelles l’homme est au centre de l’action, et que ses manières d’agir ou ses façons de penser puissent sembler étranges, ridicules, tristes ou autre, est que l'auteur cherche toujours à rester une observateur objectif et sans préjugés84.

Cette préférence de la personnalité des caractères sur l'action associée à l’économie du principe narratif (« La brièveté est la sœur du talent »85, selon Tchekhov), les futurs penchants impressionnistes de Tchekhov pour les points de vue particuliers (« Je n'ai encore jamais écrit directement d’après nature. Il faut que ma mémoire ait filtré le sujet … et qu’il ne reste que l’important et le typique »86) et le refus des intrigues traditionnelles comptent pour ses innovations majeures, qui font que son style tranche considérablement avec ceux des autres auteurs russes renommés de cette époque.

Le fait que l'on trouve dans chaque récit de Tchekhov une représentation réaliste de l'homme, quelle que soit sa couche sociale, fait de l'ensemble de l'œuvre de Tchekhov une source documentaire très crédible de la société russe de la fin du xixe siècle87.


Couverture de la première édition desTrois Sœurs (1901)
Tchekhov a conservé dans ses pièces de théâtre - écrites pour la plupart après 1885, alors que son style littéraire est depuis longtemps maitrisé outre sa composante purement humoristique - sa méthode descriptive objective élaborée dans ses récits.

Les pièces se distinguent en général par le fait qu’elles veulent montrer un tableau tragi-comique de la banalité de la vie de province et du caractère éphémère de la petite noblesse russe.
La plupart des personnages qui y sont décrits sont des gens convenables et sensibles, ils rêvent que leur vie va s'améliorer, beaucoup cependant en vain, face au sentiment d’impuissance et d'inutilité, de l'auto-compassion exagérée et du manque d'énergie et de volonté qui en découlent.
Certes, l'auteur indique toujours qu'il y a une échappatoire à cette apathie, en l’occurrence le travail convaincu et l'action pratique utile, pourtant les personnages se révèlent en général incapable ou bien sans réelle volonté de faire bouger ce qui s’avère être à l'origine de cette évanescence, l'affaiblissement intellectuel croissant de ces personnes pourtant intelligentes.

Il n’y a pas de héros dans le théâtre de Tchekhov. Pas de gentils et pas de méchants de manière tranchée. Il y a juste des personnages confrontés à la sclérose des habitudes et à l’usure du temps, auxquels rien ne résiste ; qui essaient de vivre avec ce que la nature leur a accordé comme talents ou comme défauts. Et qui s’aperçoivent, souvent trop tard, qu’ils n’y parviennent pas. Certains en meurent, comme Treplev dans La Mouette. Mais c’est sans bruit, à part celui du coup de feu. Et encore, ce coup de feu pourrait bien n’être « qu’un flacon d’éther qui a explosé dans la pièce d’à côté »88. D’autres n’en meurent pas. Pas tout de suite. « Tu n’as pas connu de joies dans ta vie, oncle Vania, mais patiente un peu, patiente… Nous nous reposerons… Nous nous reposerons… »89


Tchekhov lisant La Mouette aux acteurs du Théâtre d'art.
Une autre particularité du travail de dramaturge de Tchekhov est qu’il désignait la majorité de ses pièces comme des « comédies », bien que l'action – si on fait exception de ses premières pièces en un acte cousues de fil blanc telles que L'Ours ou Une demande en mariage – n’en soit pas comique ou amusante au sens où on l'entend généralement.

Ces singularités produisirent du temps de Tchekhov de fréquentes incompréhensions non seulement de la part du public, mais aussi des metteurs en scène qui s’emparèrent de ses pièces.
C’est seulement des décennies après la mort de Tchekhov que l’on comprit majoritairement que le soi-disant « comique » devait provenir avant tout du comportement des protagonistes des pièces, du fait de leur sentiment d’impuissance et en général de leur rapport décalé à la réalité, par suite desquels leurs émotions, leurs actions et surtout leurs négligences – et dans une moindre mesure l'intention de l'auteur – produisent un comique involontaire90.
Cette incompréhension des intentions de Tchekhov est en grande partie à l'origine de l'échec de La Mouette lors de sa création en octobre 1896.
Le succès vient avec sa rencontre avec le Théâtre d'art de Moscou de Nemirovitch-Dantchenko et Constantin Stanislavski. Pour révéler un théâtre dont l’action ne progresse pas tant par ce qui est effectivement dit que, finalement, par ce qui ne l’est pas, il fallait avoir envie d’inventer une nouvelle approche du métier de comédien, plus sensible à ce qu’on allait appeler le sous-texte qu’au besoin de briller sur scène. Cette nouvelle approche n’allait pas seulement révolutionner le travail d’acteur au travers, notamment, de ses suites dans l’Actors Studio. À un moment où émergeait la notion de mise en scène, elle allait bousculer la notion même d’écriture théâtrale, grâce à une analyse plus fine du fonctionnement dramatique. Mais qu’aurait pu le metteur en scène Stanislavski si, en dépit de certaines frictions91 sans doute inévitables, le Théâtre d’art n’avait pas trouvé sonauteur, un certain A. P. Tchekhov ?
Ces pièces les plus connues avec La Mouette sont la pièce en quatre actes Oncle Vania, le drame Les Trois Sœurs ainsi que d’ailleurs sa dernière œuvre, la comédie La Cerisaie.
Toutes ces pièces présentent des déroulements de l’action très variés, cependant elles comportent beaucoup de points communs dans leur construction : l'action se passe toujours dans la province russe au tournant du siècle, les personnages sont de la petite noblesse, ils finissent par échouer d'une façon ou d'une autre du fait de leur passivité et de leur sens déformé de la réalité, cependant une note d'optimisme et la foi dans un avenir meilleur s’immiscent toujours dans l’action (comme dans la réplique remplie de nostalgie « À Moscou ! », qui est typique de l'ensemble de l'action des Trois Sœurs, ou bien le « Bienvenue, une nouvelle vie ! » de la réplique finale de Piotr Trofimov dans la scène d’adieux de La Cerisaie).

Tchekhov, qui n'a jamais écrit de long roman (bien qu'il en ait eu l'intention à la fin des années 188092), a exercé de part sa manière d'écrire concise, discrète et sans jugement de valeur, une immense influence sur la forme des romans modernes et du théâtre. De ce fait, aujourd'hui encore, Tchekhov est considéré pour l'un des premiers maitres de la nouvelle.

Bibliographie
théâtre
  • v. 1878 : Platonov ; drame en quatre actes (russe : БезотцовщинаSans Père)
  • 1884 : Sur la grand-route ; étude dramatique en un acte (russe : На большой дороге)
  • 1886, 1902 : Les Méfaits du tabac ; scène-monologue en un acte (russe : О вреде табака)
  • 1886 : Le Chant du cygne ; étude dramatique en un acte ( russe : Лебединая песня)
  • 1887 : Ivanov ; drame en quatre actes (russe : Иванов)
  • 1888 : L'Ours ; farce en un acte (russe : Медведь)
  • 1888-1889 : Une demande en mariage ; farce en un acte (russe : Предложение)
  • 1889 : Tatiana Repina ; drame en un acte (russe : Татьяна Репина)
  • 1889 : Le Sauvage ou L'Homme des bois ou Le Génie des forêts ou Le Sylvain ; comédie en quatre actes (russe : Леший)
  • 1889-1890 : Le Tragédien malgré lui ; farce en un acte (russe : Трагик поневоле)
  • 1889-1890 : La Noce ; farce en un acte (russe : Свадьба)
  • 1891 : Le Jubilé ; farce en un acte (russe : Юбилей)
  • Détails sur le produit 1895-1896 : La Mouette ; comédie en quatre actes (russe : Чайка) -  L'atmosphère est morbide : les fleurs sont piétinées à peine offertes, Treplev tue une mouette pour la déposer aux pieds de Nina... Mais l'oisiveté des personnages ne saurait être la seule cause de ce malaise.
    C'est l'été, et comme tous les étés, on se retrouve dans la propriété de Sorine. Seul personnage véritablement sympathique, il n'échappe pourtant pas à la règle : les acteurs de ce drame de l'indécision et de l'inachèvement sont des personnages stéréotypés, s'exprimant au moyen de clichés galvaudés et vide de sens. Pièce sans héros véritable, sans action spectaculaire, La Mouette est un chef-d'oeuvre de l'implicite, et l'on est tenté d'accorder une portée symbolique au moindre détail. Or, si la mouette peut bien sûr être comprise comme un symbole de liberté, elle peut aussi être appréciée pour sa valeur dramatique, maillon de tout un réseau d'échos que Tchékov met en place pour figurer l'enfermement, qui culmine dans le rétrécissement du lieu de l'action. Le théâtre en plein air même ne saurait constituer une ouverture, illusion factice qui tombe en lambeaux sur les bords d'un lac stagnant ajoutant encore à l'étouffement par son simple pouvoir de réflexion.
  • Détails sur le produit 1897 : Oncle Vania ; scènes de la vie de campagne en quatre actes (russe : Дядя Ваня) -  L'hiver à la campagne, le thé à sept heures du matin, les soirées interminables, le dégoût des autres et surtout de soi-même... L'ennui est là, comme une espèce de boue gluante dans laquelle on s'enlise, comme des sables mouvants qui les engloutiront tous, Vania, Sonia, Astrov... Dans un dernier sursaut, ils sortent la tête, essaient de haïr, d'aimer, de tuer, de se tuer... Ils n'en ont plus la force, ni l'envie. Rien que de penser à tout ce qu'ils auraient pu être, à tout ce qu'ils auraient pu faire... Oui, mais quoi ? Ailleurs, sans doute, il existe autre chose, une autre vie... En Afrique, à fait chaud... Tchékhov, peintre génial et docteur impuissant du terrible mal de ne pas vivre.
  • Détails sur le produit 1901 : Les Trois Sœurs ; drame en quatre actes (russe : Три сестры) L'histoire de trois soeurs, trois demoiselles qui végètent dans un trou de province et que le passage d'un régiment et de ses officiers ne divertira que momentanément d'une pesante solitude.
    Tchekhov évoque ici mieux encore que dans toutes ses autres oeuvres l'immense détresse à laquelle était en proie la Russie de la fin du XIXe siècle.
  •   Détails sur le produit 1904 : La Cerisaie ; comédie en quatre actes (russe : Вишнёвый сад) -  Dernière pièce de Tchekhov, publiée l'année même de sa mort, La Cerisaie apparaît comme la chronique d'une transition entre un passé révolu - celui des grandes propriétés familiales et un avenir riche de promesses individuelles. Le personnage principal de la pièce est précisément cette cerisaie, verger enchanteur qui devra pourtant disparaître, et sur le sort duquel les protagonistes du drame ne cessent de statuer, pour finalement l'abandonner.

Détails sur le produitnouvelles

Détails sur le produitSorcière : Suivi de la nouvelle Jour de fête Sorcière et Jour de fête, les deux nouvelles inédites en français, réunies dans ce Carnet relatent les drames du quotidien. Tchekhov montre mais ne dénonce jamais. Il ne cesse de souligner dans son oeuvre l’esprit petit-bourgeois sur fond de Russie éternelle, la trivialité, la corruption, l’ignorance crasse et la déchéance à travers des destins avortés, condamnés à l’usure du temps.
Le lecteur de ces deux drames conjugaux, qui mettent à nu les strates les plus profondes de l’âme humaine, appréciera le style de Tchekhov : sobriété, simplicité et économie de moyens, en même temps que l’un de ses thèmes de prédilection, le temps, qui loin de mûrir les personnages, les défait, les dépossède de leur être et émousse leurs sentiments.
la sorcière : Le chantre Savéli Guykine s’est couché mais il ne peut pas s’endormir, dehors souffle la tempête, il accuse Raïssa sa femme d’en être l’instigatrice, car à ses yeux c’est une sorcière qui déclenche des tempêtes pour recevoir des hommes à la maison.
On frappe à la porte, deux postiers qui se sont perdus dans la tempête demandent l’hospitalité, Raïssa fait les yeux doux au plus jeune, il en profite un peu, mais Savéli les oblige à partir, il les raccompagne même sur la grande route.
Raïssa restée seule ne peut que constater la misère dans laquelle elle vit à cause de son fainéant de mari. Quand il rentre et qu’il devient entreprenant, elle le frappe.

"- [...] Je sais tout, que tu crèves ! - Que sais-tu ? lui demanda-t-elle doucement sans détacher les yeux de la fenêtre. - [...] Je sais que tout ça, c'est ton oeuvre, diablesse ! C'est toi qui fais tout ça, que tu crèves ! Et la tempête, et la poste qui s'est perdue !... C'est toi qu'as tout fait ! Toi ! Tu deviens fou, tu dis des bêtises... dit calmement la sacristaine. - Ça fait un temps que je t'observe ! Je venais de te marier, le premier jour il était pas passé, j'ai remarqué que ton sang était vicié !"

recueils
  • Les contes du Melpomène (1884), contient les nouvelles Femmes d'artistesIl et elleDeux scandalesLe BaronLa vengeance
  • Récits bariolés (1886)
  • Dans le crépuscule ou autre traduction Dans les Ténèbres (1887), a reçu le prix Pouchkine en 1888
  • Innocentes paroles (1887)
  • Nouvelles et récits (1894)

autres 
  • 1884-1885 : Drame de Chasse ; roman policier publié en feuilleton (russe : Драма охоты)
  • 1890 : Notes de Sibérie ; notes (russe : Из Сибири)
  • Détails sur le produit 1893 : L’île de Sakhaline ; carnets de voyage (russe : Остров Сахалин) -  Quand Tchékhov part pour l'île de Sakhaline, en avril 1890, personne ne comprend ses raisons. Lui-même, incapable d'en donner, se contente de parler de mania sachalinosa. Il s'agit là de l'épisode le plus étrange de sa vie. Décidé à mener une enquête sur ce lieu maudit voué au bagne et à la déportation, il se met en route dans des conditions folles. Il n'a aucun papier officiel, ni ordre de mission, ni même une lettre de recommandation. Après deux mois et demi d'un voyage exténuant, il risque de se voir prier de retourner d'où il est venu. Il affronte le froid, la pluie, les inondations, puis la chaleur, la poussière, les incendies de forêts. Voici enfin l'île de Sakhaline, au large de la Sibérie « Tout autour la mer, au milieu l'enfer. »
rongés quelques uns... 
en partenariat avec Masse critique (babelio)

Avec quelques autres auteurs russes,
 Tchekhov fait parti de ceux que j'ai envie de relire...
tome 1 : Théâtre : Platonov - Ivanov - La Mouette - L'Oncle Vania - Les Trois sœurs - La Cerisaie - Le Chant du Cygne - L'Ours - La Demande en mariage - Le Tragédien malgré lui - La Noce - Le Jubilé - Les Méfaits du tabac. Récits 1882-1886 .  Appendice :Textes choisis par Elsa Triolet.
.tome 2 et 3 : ?


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