dimanche 29 janvier 2012

décédé un 29 janvier ... Alexandre Pouchkine,

1837 : Alexandre Pouchkine, poète, dramaturge et romancier russe (° 26 mai 1799).

Alexandre Sergueïevitch Pouchkine (en russe : Александр Сергеевич ПушкинPrononciation) est un poètedramaturge et romancier russe né à Moscou le 26 maijul./6 juin 1799greg. et mort à Saint-Pétersbourg le 29 janvierjul.10 février 1837greg..














Alexandre Pouchkine est né à Moscou dans une famille de vieille noblesse russe, aisée et amatrice de littérature1. L'un de ses arrières-grands-pères était Abraham Hanibal, d'origine africaine, filleul, ami, ingénieur et général au service de Pierre le Grand. Pouchkine était particulièrement fier de ce glorieux aïeul, dont il avait hérité certains traits qui le distinguaient fortement de ses concitoyens : teint olivâtre, lèvres épaisses, cheveux noirs et crépus2, ce qui lui vaut d'être surnommé « le singe » par ses camarades de lycée3. Lui-même se considère comme laid4.

Lecteur vorace dès son plus jeune âge, il s'attaque aux classiques anglais (ByronWilliam ShakespeareLaurence Sterne) et français (MolièreVoltaireÉvariste Parny) de la bibliothèque paternelle. Sa profonde connaissance de la culture française lui vaut d'ailleurs le surnom de Frantsouz (Француз « Le Français ») auprès de ses camarades de lycée5. Alexandre Pouchkine étonne aussi son entourage par son aisance à improviser comme à réciter par cœur des vers innombrables.
Pouchkine récitant À un ami poète devantDerjavine, peinture d'Ilya Repine, 1911.
De 1811 à 1817, il fait ses études6 au lycée impérial de Tsarskoïe Selo (ville rebaptisée Pouchkine en son honneur, en 1937), près de Saint-Pétersbourg. S'ouvre une des plus heureuses périodes de sa vie : c'est dans cet internat qu'il noue de fidèles amitiés (Delvig, Poushine,Wilhelm Küchelbecker); c'est aussi là, dans le parc du palais impérial, qu'il dit avoir connu sa première inspiration poétique. Dès 1814 son poème À un ami poète est publié dans la revue Le Messager de l'Europe. Ces vers, déclamés lors d'un examen de passage, lui valent l'admiration du poète Gavril Derjavine.
En 1817, il intègre le ministère des Affaires étrangères ; une sinécure. Suivent trois années de vie dissipée à Saint-Pétersbourg. Durant ce temps, il rédige des poèmes romantiques inspirés par les littératures étrangères et russes. Il rencontre aussi les grands noms des lettres russes contemporaines, commeKaramzine ou Vassili Joukovski. Ses poèmes sont parfois gais et enjoués, comme Rouslan et Ludmila (en). Ils peuvent aussi être graves, notamment lorsqu'ils critiquent l'autocratie, le servage et la cruauté des propriétaires fonciers. À cette classe appartiennent Ode à la LibertéHourrah ! Il revient en Russie, et Le Village.
Bien qu'incontestablement libéral, Pouchkine n'est pas révolutionnaire, ni même véritablement engagé politiquement, contrairement à nombre de ses amis qui participent aux mouvements réformateurs qui culminent avec la révolte décabriste7.

En 1820, ses poèmes étant jugés séditieux, Pouchkine est condamné à l'exil par l'empereur Alexandre Ier. Échappant de peu à la Sibérie, il est d'abord envoyé à Iekaterinoslav (l'actuelle Dnipropetrovsk, en Ukraine), où il contracte une fièvre violente. Affaibli, il obtient la permission de voyager dans le Caucase et en Crimée, en compagnie de la famille Raïevski; un séjour qui le marque profondément. Pouchkine est ensuite expédié à Kichinev enBessarabie (actuelle Moldavie), avant de partir pour Odessa. Pendant cette première partie de son exil, passée dans le sud de l'empire, Pouchkine continue à mener une vie très déréglée, toute consacrée à l'amusement : conquêtes amoureuses, fêtes et jeu. Celle-ci, ainsi que son caractère enthousiaste, colérique et moqueur, le pousse à plusieurs reprises à des duels, dont il sort indemne.
À Odessa, Pouchkine s'attire l'inimitié du gouverneur de la ville, Vorontzov (sans doute en raison de son penchant pour l'épouse de ce dignitaire), et est exilé dans la propriété familiale de Mikaïlovskoïe (province de Pskov). Condamné à l'isolement presque total, il s'y s'ennuie mortellement. Quand il n'écrit ou ne lit pas, les seules distractions qui lui sont permises sont des promenades et courses à cheval, les visites qu'il rend à ses voisines et les histoires que lui raconte sa nourrice. À la mort d'Alexandre Ier, en décembre 1825, Pouchkine décide d'aller plaider sa cause à Pétersbourg, mais un pressentiment le fait revenir sur ses pas. C'est ainsi qu'il évite, à la demande des ses amis voulant le protéger, de se trouver mêlé à la révolte avortée des décembristes, à laquelle participent nombre de ses amis, même s'il se sent proche des idées révolutionnaires du cercle des décembristes (il adhère en 1819 à la société littéraire « La lampe verte » à l'origine de ce cercle)3.
Ces six années d'exil sont essentielles pour l'inspiration de Pouchkine : voyage dans le Caucase et en Crimée, découverte de la campagne russe profonde, discussions avec divers aventuriers, contes de sa nourrice. Ce sont aussi celles des premières grandes œuvres, encore fortement marquées par l’influence romantique de Byron : Le Prisonnier du Caucase (1821) décrit les coutumes guerrières des CircassiensLa Fontaine de Bakhtchisaraï(1822) évoque l’atmosphère d'un harem en CriméeLes Tziganes (1824) est le drame d'un Russe qui tombe amoureux d'une Tsigane; la Gabrieliade (Gavriliada, 1821), dont il devra plus tard se défendre avec acharnement d'être l'auteur-pour échapper à la Sibérie, est un poème blasphématoire qui révèle l’influence de Voltaire. Surtout, Pouchkine entame son chef d'œuvre, Eugène Onéguine8 (1823-1830), écrit sa grande tragédie Boris Godounov (1824-1825), et compose les « contes en vers » ironiques et réalistes.

En 1826, une fois matée la révolte décembristeNicolas Ier, nouvel empereur de Russie, fait revenir le poète à Moscou. En audience privée, il lui offre le pardon, à condition qu'il renonce aux débordements de sa jeunesse. Et, puisque le poète se plaint de la censure, l'empereur, posant au protecteur des arts, lui propose d’être son censeur personnel. Pouchkine n’a pas le choix : c’est ça ou le retour en exil. Il accepte.
Ainsi débute pour le poète une nouvelle phase de persécution politique. Pouchkine doit rendre compte de ses moindres déplacements aux autorités. Son activité littéraire est étroitement contrôlée. L'empereur va jusqu’à donner des conseils artistiques à son protégé : ainsi, à propos de Boris Godounov« Faites en un roman à la Walter Scott ! » Et le comble est que, simultanément, il passe pour un odieux collaborateur du despotisme aux yeux des libéraux, qui le considéraient comme l'un des leurs.
Pouchkine reprend sa vie oisive et dissolue. Il accompagne aussi l'armée russe de Paskevitch dans sa campagne militaire de 1828-1829 contre l'Empire ottoman. Cette aventure lui inspire un récit, Voyage à Erzurum, mais lui vaut aussi de nombreux démêlés avec les autorités, qu'il n'avait pas jugé bon d'informer de ses déplacements. Sur le plan littéraire, il achève Poltava (1828), poème à la gloire de Pierre le Grand.
Cependant, l'idée de se marier commence à obséder Pouchkine, persuadé que ce serait pour lui la voie du bonheur. Il jette son dévolu sur une jeune beauté moscovite, Natalia Nikolaïevna Gontcharova.
L'épouse de Pouchkine,Nathalie Gontcharova
Après de nombreuses difficultés, principalement dues à la mère de la jeune fille, qui lui reproche son passé de débauché et de proscrit, Pouchkine finit par l'épouser à Moscou le 18 février 1831. D'abord installé à Moscou sur la rue Arbat, le couple déménage rapidement à Saint-Pétersbourg.
Pendant cette période de sa vie, Pouchkine, en pleine maturité littéraire, entame son œuvre en prose. Les Récits de feu Ivan Pétrovitch Bielkine (regroupantLe coup de pistoletLa tempête de neigeLe maître de poste et La demoiselle-paysanne sont composés à l'automne 1830, tandis qu'une épidémie de choléra bloque l'écrivain dans sa propriété familiale de Boldino. La Dame de pique (1833) est une longue nouvelle d'inspiration fantastique. La Fille du capitaine (1836), quant à elle, est une histoire d'amour qui se déroule pendant la révolte de Pougatchev. De cette période datent encore les « petites tragédies » : Le Chevalier avare (1836) d'influence shakespearienne, Le Convive de pierre (1836), qui reprend le thème de Don JuanMozart et Salieri et le Festin pendant la peste. Il compose aussi le célèbre poème du Cavalier de bronze (1833).
Pouchkine déploie également une intense activité de journaliste, notamment dans le cadre de la revue littéraire Le Contemporain. Celle-ci lui permet de révéler de nouveaux auteurs, commeNicolas Gogol, dont il publie Le Nez, et à qui il fournit le sujet du Revizor et des Âmes mortes. Son prestige est énorme. Cependant, une partie du public, regrettant le ton exalté de ses premières œuvres, n'apprécie pas le style dépouillé des dernières. Politiquement, les réformateurs reprochent aussi à celui qu'ils voient comme un symbole de la cause libérale d'adopter une attitude trop servile à l'égard du pouvoir tsariste.



...

Alexandre Pouchkine inaugure la grande littérature russe.
S'il n'invente pas la langue russe moderne, comme on le prétend parfois, c'est lui qui parachève l'action de ceux qui luttaient depuis des décennies pour imposer le russe tel qu'il était parlé, et non celui, figé, des textes administratifs (oukazes) et religieux. Le deuxième mérite de Pouchkine est d'avoir libéré la littérature russe de l'influence étrangère. Il s'inspire des grands maîtres européens mais sans se faire l’imitateur d’aucun (si ce n'est dans quelques écrits de jeunesse), contrairement à ceux qui l’avaient précédé.
Sur son style, tous s’accordent à lui reconnaître une simplicité, une précision et une élégance extrêmes. Son écriture est celle d'un écrivain classique, héritier du siècle des Lumières, bien que vivant au cœur de l'ère romantique (l'influence de celle-ci ne se fait sentir que dans ses premiers poèmes).
La contradiction entre la vie mouvementée et l'œuvre harmonieuse du poète a inspiré cette considération à Henri Troyat « S'il avait écrit comme il vivait, Pouchkine eût été un poète romantique, inégal dans son inspiration. S'il avait vécu comme il écrivait, il eût été un homme pondéré, sensible et heureux. Il n'a été ni l'un ni l'autre. Il a été Pouchkine15 ».
Mikhaïl LermontovNicolas GogolLéon TolstoïFiodor Dostoïevski ou Ivan Tourgueniev se sont tous inspirés de son œuvre. Son influence s'est poursuivie, le siècle suivant, dans l'œuvre deAlexandre BlokMikhaïl BoulgakovMarina Tsvetaïeva (qui explique dans Mon Pouchkine ce que son inspiration poétique lui doit) ou Vladimir Nabokov. Pouchkine a également inspiré de nombreux compositeurs russes, comme Piotr Ilitch Tchaïkovski (Eugène Onéguine et La Dame de pique), Nikolaï Rimski-Korsakov (Conte du Tsar Saltan) et Modeste Moussorgski (Boris Godounov).
L'œuvre de Pouchkine est moins connue que celle d'autres écrivains russes, comme Léon Tolstoï ou Fiodor Dostoïevski. Ceci est dû au fait qu'elle est surtout poétique. Or la poésie est difficilement traduisible, en général. Les traductions du xixe siècle, en particulier, donnent une image particulièrement faussée de la poésie de Pouchkine. Quant à son œuvre en prose, elle est d'ampleur limitée. Par ailleurs, son style, classique, peut paraître sec ; on l'a comparé à celui de Prosper Mérimée (l'un des auteurs qui a contribué à faire connaître son œuvre en France). Une autre explication, fréquemment donnée par ses biographes16, est que Pouchkine, solaire, joueur, léger ne correspond pas à l’image typique de l’écrivain russe maudit.
source principale : wikipédia
Bibliographie

rongés / tentation de lire...

nouvelles
  •  Le nègre de Pierre le Grand Le Nègre de Pierre le Grand (1827), roman inachevé, relatif à son ancêtre Abraham Hanibal : premier roman historique russe3) -  Jeune prince africain, Ibrahim Hannibal a été " offert " à Pierre le Grand par l'un de ses ambassadeurs. Jeune homme brillant et cultivé, Ibrahim a combattu dans l'armée française et séduit Paris avant de revenir en Russie et d'y devenir le favori du tsar. De la prestigieuse et étonnante histoire de son bisaïeul, Pouchkine tire en 1827 un court roman qui, bien qu'inachevé, est considéré comme l'un des chefs-d'oeuvre de l'écrivain russe.
  • Récits de feu Ivan Pétrovitch Bielkine
  • Histoire du bourg de Gorioukhino (1830), écrite en 1830, publiée en 1837
  • Roslavlev (1831), écrite en 1831, publiée en 1836
  •  Détails sur le produit La Dame de pique, nouvelle (écrite en 1833, publié en 1834), dont Tchaikovski tire un opéra célèbre -  Au début du XIXe siècle, la littérature russe est encore balbutiante. Il lui manque un Shakespeare, un Cervantès ou un Pétrarque. Pouchkine va combler ce vide à lui seul. Pour la poésie, avec Rouslan et Lioudmila(1820), le théâtre avec Boris Godounov et la nouvelle avec Les Récits de feu Ivan Pétrovitch Bielkine (1830). À 31 ans, il jette les fondements de toute l'histoire littéraire russe, dont les plus illustres figures, de Lermontov à Gorki, ne cesseront de s'inspirer. Si la vie de Pouchkine, mort en duel à 38 ans, frappe par son éclat romantique, son écriture, et sa prose en particulier, est empreinte d'un sobre classicisme. À la fois élégante, chatoyante, et discrètement teintée d'une douce ironie, elle s'attache aux petites gens comme aux grands seigneurs, éclaire les profondeurs de l'âme par petites touches subtiles, avec une simplicité, une sensibilité et une perfection artistique inégalées. 
  • Kirdjali (1834)
  • Nuits égyptiennes (1835), inachevée
  • Un Pelham russe (1835), inachevée
  • Voyage à Arzroum,autre traduction Voyage à Erzeroum, récit (1836)
  • Alexandre Radichtchev (1836)

romans en prose
  • Un Roman par lettres (1829), roman commencé en 1829 et resté inachevé, publié en 185717
  • Doubrovsky (1832-1833), roman publié en 1841
  • Histoire de la révolte de Pougatchev (1834)
  • Le Coq d'or, conte (1834), dont Rimski-Korsakov tire un opéra
  •  Détails sur le produit La Fille du capitaine, roman (1836) -  Bielogorsk, un fort aux confins des steppes Kirghizes. Le lieu est sauvage, désertique, mais la fille du capitaine, avec ses cheveux blonds, a bien du charme. Pour Maria Ivanovna, Pierre Andréitch Griniov se bat en duel. La belle à peine conquise, la forteresse est attaquée par les Cosaques. A leur tête, Pougatchov, un usurpateur qui se prend pour le tsar. Sauvé de la potence par le chef rebelle, Griniov est accusé de trahison par les siens. Prétendue collusion avec l'ennemi, qui lui vaut d'être condamné après la défaite de Pougatchov... Il n'est pas bon d'être ni vainqueur ni vaincu ! L'échafaud ou la Sibérie ? Véritable pasionaria, Maria, vole à son secours.
  • Itinéraire de Moscou à Pétersbourg

très bons souvenirs de lecture... 
et une tentation...

Portrait de l'arrière grand-père de Pouchkine en esclave nègre

Indigène de la monarchie russe à sa manière, Pouchkine avait un arrière grand père nègre. Ex esclave devenu proche du tsar Pierre le Grand, il s'appelait Gannibal. Ce n'est pas un scoop mais ce n'est pas une information que le pouvoir russe aime à rappeler dans un Moscou où le racisme anti-noir (et anti-caucasien, etc.) sévit sans vergogne. Mais qui était-il vraiment ce Gannibal ? Un journaliste anglais, Hugh Barnes, est parti sur ses traces.
Gannibal : L'ancêtre de PouchkineCouverture de « Gannibal, l'ancêtre de Pouchkine » par Hugh Barnes (DR).
A mi-chemin du réel et de l'affabulation
Après d'autres membres de sa famille, Pouchkine s'était penché sur la vie de son ancêtre dans « Le Nègre de Pierre le grand », roman inachevé, et son ombre rôde sous les lignes des notes qu'il écrivit en marge d'« Eugène Onéguine ». L'écrivain Vladimir Nabokov, exilé loin de Moscou et de ses archives, se lança à son tour, sur la piste du « maure de Pierre le Grand » non sans brio.
Hugh Barnes aujourd'hui dispose de ces travaux antérieurs à mi-chemin du réel et de la supposition voire de l'affabulation, et avec lesquels il dialogue abondamment. Par ailleurs, il a pu accéder à des tonnes archives et remonter le fil des jours de Gannibal jusqu'à ses sources africaines en allant vérifier sur place jusqu'à se faire arrêter dans cette zone sensible entre l'Erythrée et l'Ethiopie, recherchant sans trop d'illusions,
des traces vielles de plusieurs siècles. Un travail titanesque pour reconnaître avec beaucoup de fair-play qu'on ne saura jamais beaucoup de choses de la vraie vie de Gannibal, que ce que l'on sait n'est pas si sûr que cela, mais que tout de même tout cela mérite d'être conté.

Suspense, humour et élégance
Et, de fait, cet ouvrage mène l'enquête avec beaucoup d'élégance -sans insister sur les documents rares qu'il exhume ici et là- et un humour so british comme ce début en fanfare du chapitre III : « Gannibal naquit probablement en 1696, ou peut-être sept ans plus tôt. » Où ? En Afrique. En Abyssinie comme on le pensa longtemps ? Barnes ménage le suspense par un serpent de digressions qui font le charme de son ouvrage. Le voici à l'extrême ouest du Tchad où un homme, le sultan de Logone, Muhammad Bahar Marud -et sait-on jamais, un possible « neveu éloigné de Gannibal“- donne la clef du mystère de la devise ‘FUMMO’ qui près d'un éléphant figurait sur les armoiries du plus célèbre nègre de Russie devenu notable : c'est un mot kotoko qui signifie ‘pays natal’.
Esclave âgé huit ans, le futur arrière grand père du plus grand poète de toutes les Russies, débarqua à Constantinople sur un navire négrier où il se retrouva, -acheté ? enlevé ? - par l'ambassadeur russe. Contrairement aux mauvais biographes qui n'en finissent pas d'inventer des dialogues, Barnes prend, lui, plaisir à recréer des scènes plausibles ; comme l'arrivée de l'enfant nègre sur la Place rouge en pleine festivités du nouvel an orthodoxe. Il restitue ce personnage forcément romanesque dans son temps, les intrigues de cour, les guerres et surtout le rôle de fils adoptif qu'il joue auprès du tsar Pierre Le grand, portant désormais le nom de Abraham Petrovitch Gannibal. Barnes écrit ainsi : 
‘La révolution de Pierre était un vaste projet utopique de génie social visant à faire du Russe un Européen. A certains égards, la vie d'Abraham Petrovitch Gannibal, tentative de transformation d'un Africain en Russe, servit de coup d'essai.’
Tel Othello, le ‘Maure’ de Shakespeare
Gannibal mena ainsi, et de façon précoce, une carrière militaire sur bien des champs de bataille, devint le confident du tsar. Il se maria, se remaria (Barnes le compare à Othello, le ‘Maure’ de Shakespeare), vécut dix ans à Reval (aujourd'hui Tallinn en Estonie) conversa avec Leibnitz, alla à Paris (il parlait bien le français), devint ami de Diderot. Son étoile avait pâli après la mort de Pierre le grand. L'ignoble Menchikov le fit envoyer en exil (confortable) en Sibérie sous le règle de Pierre II et quand Catherine la Grande arriva au pouvoir, le vieux Gannibal fut mis à la retraite. Il rédigea ses mémoires mais, par peur¸ brûla son manuscrit, ouvrant grand les vannes du mystère. On ne sait même pas sûr du jour exact de sa mort. Réflexion de Barnes : 
‘Comme toujours les détails sont confus. Mais peut-être est-il approprié que la mort de Gannibal soit, par certains côté, aussi secrète et mystérieuse que sa vie l'avait été, vraie et fausse en même temps.’
Tout cela serait de moindre importance si, de cette lointaine cuisse nègre, n'était né Pouchkine. Aux premières pages de ‘Mon Pouchkine’ -dont la traduction est enfin rééditée chez Clémence Hiver-, Marina Tsvetaeva écrit sans ambages : ‘Pouchkine était nègre’. Et poursuit, dans son phrasé bien à elle : 
‘Le poète russe est un nègre. Le poète est un nègre. Le nègre on le tue. Nécrologie du poète.’
Ce nègre-là fut tué par un Français mais c'est une autre histoire que raconte aussi Tvsetaeva. Il est heureux que l'actualité éditoriale réunisse cette réédition de ‘Mon Pouchkine’ et l'ouvrage de Barnes sur l'ancêtre nègre du poète.
► Gannibal, l'ancêtre de Pouchkine par Hugh Barnes - Traduit de l'anglais par Florence Bertrand - Ed. Noir sur blanc - 350p., 22€.
► Mon Pouchkine par Marina Tsvetaeva - Traduit du russe par André Markowicz - Ed. Clémence Hiver - 140p., prix non communiqué.


source : http://blogs.rue89.com/balagan/portrait-de-larriere-grand-pere-de-pouchkine-en-esclave-negre

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